Le Kenya - juillet 1991
J'ai choisi d'éviter de vous montrer les
horribles photos que j'avais faites, avec mon petit appareil photo sans
zoom...
Alors veuillez noter que les photos de cette
page (contrairement aux autres photos de toutes les pages de ce site) ne
sont pas de moi, mais du photographe animalier André Brunsperger (avec
son autorisation). Je vous conseille vivement d'aller visiter son site
sur http://www.kenya-safari.com !
Le Kenya nous a laissé un souvenir
inoubliable, et personnellement un sentiment que je n’ai jamais éprouvé
ailleurs : le sentiment de revenir chez moi. Le Rift africain n’est il
pas le berceau de l’humanité ?
Et puis cette nature encore sauvage, que je
n’avais jamais connue avant. D’accord le Kenya est plus touristique que
les autres pays de l’Afrique de l’Est, mais c’est justement ça qui nous
a permis d’y aller : il est financièrement abordable et n’est plus
réservé aux touristes « haut de gamme ».
Nous y sommes restés 4 semaines : 2 semaines
dans un petit groupe (nous deux avec 4 autres personnes + 1
accompagnateur Nouvelles Frontières + un chauffeur kenyan dans un
minibus, c’est la formule « circuit aventure – Parcs et réserves du
Kenya » de Nouvelles Frontières) et 2 semaines seuls, avec un 4x4 loué à
Nairobi et rendu à Mombasa.
Les 2 premières semaines :
Départ de Paris en fin d’après midi et arrivée
à Nairobi le lendemain matin.
Le chauffeur nous attends et nous emmène faire
des courses au marché de Nairobi (city market).
Dans cette formule de circuit, nous devons
faire les courses et préparer nous même les repas (sur le budget prévu
par Nouvelles Frontières).
Nous avions un petit réchaud pour chauffer
l’eau pour le petit déjeuner (café soluble) et 2 bidons pour mettre
notre réserve d’eau. Presque tous les jours, nous avons pris nos
déjeuner dans les lodges (côté touristes, mais aussi parfois côté
chauffeurs) et nous avons dû récupérer du bois pour faire un feu chaque
soir et y faire cuire notre dîner (jamais de viande, soupe déshydratée,
pâtes, riz, fruits…).

Dès les courses terminées, départ pour la
réserve d’Amboseli.
Nous arrivons à Amboseli en fin d’après midi
et installons notre campement de tentes canadiennes 2 places. Ce « camp
site » est le seul de tous ceux que nous allons faire après, à être
isolé de la réserve par un fil électrifié, et ceci à cause des nombreux
éléphants qui avaient l’habitude de le traverser (et les tentes par la
même occasion).
Nous allons ensuite dans un lodge à proximité
où ils acceptent, moyennant paiement, que nous utilisions les douches de
la piscine. Ca n’est pas du luxe parce que nous ne nous étions pas lavés
depuis Paris !
La 1ère nuit est assez spéciale : la nuit
africaine est bruyante et nous ne savons pas reconnaître ces bruits. Le
lendemain nous avons su que le plus bruyant avait été un gnou !
Le confort n’était pas non plus terrible :
Nouvelles Frontières de fournit pas de matelas, et nous étions les seuls
à avoir emmené des matelas pneumatiques. Les autres ont dormi 2 semaines
directement sur le sol !
Levés à l’aube, nous avons fait 100 mètres et
nous nous sommes retrouvés au milieu d’un troupeau d’une dizaine
d’éléphants, accompagnés de bébés. Quel choc de se retrouver au milieu
d’eux, d’en voir autant d’aussi près (à moins de 3 m), 5 mn après le
début de notre premier safari ! Ensuite nous avons passé 2 jours à
visiter la réserve où nous avons vu beaucoup d’herbivores, mais aucun
félin.
Et puis le soir, quel spectacle quand le mont
Kilimandjaro quitte enfin ses nuages pour apparaître dressé au dessus de
la savane. Mais il faut bien le regarder, car la nuit tombe vite et il
ne sera plus visible jusqu’au lendemain soir. J’en suis encore émue
quand j’y repense.
Nous avons alors quitté Amboseli pour remonter
vers le nord, en passant 1 nuit au pied du mont Kenya (et en repassant
faire des courses à Nairobi).
J’ai encore l’image de cette terre rouge, qui
contraste avec le vert sombre de la végétation, et tous ces écoliers en
uniformes, marchant sagement le long de la route, quelque part entre
Nairobi et le mont Kenya.
La région du mont Kenya est très humide. Nous
campons à proximité d’un lodge, sur un tapis d’herbe bien épais et le
lendemain matin nous reprenons la route en direction des parcs de
Samburu/Buffalo Springs, sans avoir vu le sommet nuageux du mont Kenya.
La végétation devient de plus en plus sèche,
voir aride, et nous arrivons à l’entrée de la « double réserve » : les
réserves de Samburu et de Buffalo Springs n’en forment qu’une, traversée
par la rivière Samburu. Nous nous installons pour camper au bord de la
rivière. La rive où nous campons est un peu surélevée mais je regarde
quand même un peu inquiète les crocodiles qui bronzent de l’autre côté !
Cette fois ci, rien ne sépare notre campement du reste de la réserve, à
part un garde armé qui est sensé tenir éloignés les animaux sauvages.
Je crois que cette réserve est ma préférée :
dans cette région aride, c’est une oasis grâce à la rivière et c’est ici
que nous avons vu nos premiers lions, installés aussi sur la rive, à
quelques centaines de mètres de notre campement. Au début, dans notre
minibus nous regardions des éléphants se baigner sur l’autre rive. Puis
un craquement de branche et nous voyons passer un lion, juste derrière
nous. Il allait rejoindre 2 lionnes, couchées à 2 mètres de nous,
légèrement en contrebas et que nous n’avons vu que lorsqu’elles se sont
levées pour saluer le nouvel arrivant. C’est là que l’on comprend qu’il
faut faire attention en allant se soulager à quelque mètres des tentes :
on n’est pas forcément toujours aussi seul qu’on le croit !

C’est aussi dans cette réserve que nous avons
vu de très près un jeune léopard et sa mère. D’abord, nous avions repéré
un troupeau de minibus au pied d’un arbre où était perché un léopard, à
califourchon sur un branche. Heureusement, les autres minibus sont
partis et nous sommes restés un peu. Le léopard a fini par descendre et
nous l’avons suivi sur quelques mètres. Là, un jeune léopard l’a rejoint
et nous sommes restés de longues minutes à les observer. Nous sommes
revenu en fin d’après midi au même endroits et nous les avons vu à
nouveau. Le jeune est même passé à 1 mètre de nous et j’ai pu le
regarder dans les yeux. Ce sont des yeux métalliques. Un animal
magnifique mais son regard m’a beaucoup plus impressionné que celui d’un
lion ! Le chauffeur n’était pas très à l’aise, parce que contrairement à
un lion, un jeune léopard peu facilement sauter à l’intérieur du
minibus, par le toit ouvrant !

Nous avons été témoins d’une autre scène
marquante : un troupeau d’éléphants a traversé la rivière (peu profonde)
en file indienne. Le dernier dans la file a traversé toute la rivière à
reculons pour protéger les arrières du troupeau.
Le dernier jour dans cette réserve, ce sont
des babouins (une trentaine) qui ont déboulé autour des tentes pour
essayer de voler de la nourriture. Un autre groupe de campeur s’est fait
voler un bel appareil photo (que le singes n’ont pas su apprécier à sa
juste valeur). Nous avons fini notre repas debout en surveillant les
babouin du coin de l’œil mais tout s’est bien passé !
Nous avons ensuite quitté cette région pour la
région des grands lacs de la vallée du rift.
Plusieurs étapes de la vallée du rift m’ont
particulièrement marquées :

Le lac Baringo au bord duquel nous avons
campé. La journée nous sommes allée sur le lac, dans un petit bateau au
milieu des hippopotames et des crocodiles, et puis c'est surtout la nuit
qui nous a marqué ! Je me suis faite réveiller par un bruit qui faisait
"cronch cronch" tout près de mon oreille. J'ai ouvert discrètement la
tante et j'ai vu que tous les hippopotames du lac étaient en train de
brouter autour des tentes. Au petit matin, on s'est aussi aperçu que
l'un d'entre d'eux avait eu la diarrhée et s'était soulagé sur une
voiture blanche du camping !
Pas très loin, nous sommes allé visiter la
dernière maison de Joy Adamson. Il y a des étudiant qui viennent y
travailler quelques mois ou semaines, mais c'est aussi un petit musée
des souvenirs. Nous avons vu un petit film sur sa vie et elle était
interviewée dans la pièce où nous étions. A la fin du petit film, elle
expliquait que des Colobes (singes noirs et blancs) venaient tous les
jours la voir à 17h pour le thé. Quelques minutes plus tard, alors que
le personnel de la maison avait préparé du thé et des gâteaux, une
dizaine de Colobes est arrivée bruyamment par les toits de la maison.
Plusieurs années après sa mort, ils étaient encore au rendez-vous !
Le lac Bogoria lui aussi est assez marquant :
des milliers de flamants roses en perpétuel mouvement : magnifique et
... ça sent vraiment très mauvais ! La rive du lac est en fait
constituée de plusieurs couches de fiente ! Il y a aussi des pélicans
qui viennent prendre des bains d'eau chaude à proximité des geysers.
Et puis il y a Nakuru où il pleut tellement
souvent que nous avons exceptionnellement dormi à l’hôtel. L’avantage a
surtout été pour nous une bonne douche et la laverie au pied de l’hôtel
(nous en avions vraiment besoin !).
Nous avons ensuite continué vers la réserve de
Masaï Mara. Cette réserve est assez différente de celles que nous avions
vu précédemment : ici les espaces sont très étendus et les herbivores
très nombreux. Nous étions dans une période de migration des gnous et
nous pouvions les voir avancer en file indienne pour revenir de
Tanzanie. Masaï Mara est aussi la seule réserve où il est autorisé de
sortir des pistes. Ca n'est certainement pas très bien pour la
tranquillité des animaux, mais ça nous permettait de nous approcher un
peu plus.
Un jour nous avions repéré un groupe de lions
qui avaient l'air de manger. Nous nous sommes approchés et nous nous
sommes aperçus qu'ils n'étaient pas en train de manger... mais de
boire... et nous, nous étions embourbés ! Ils se sont ensuite éloignés
de quelques mètres et nous avons pu voir qu'ils avaient des ventres
énormes : ils venaient de faire un super repas. Une personne est restée
à surveiller depuis le minibus et nous sommes sortis pour le pousser.
Heureusement il n'y a pas eu de problème et nous sommes repartis.

C'est aussi à Masaï Mara que nous avons vu les
2 seuls rhinocéros de notre séjour, après les avoir cherchés 1/2
journée. C'était une maman et son bébé, mais ils sont restés sans bouger
tout le temps où nous les avons observés.
A Masaï Mara, il faut savoir que les nuits
sont fraîches (2000 mètres d'altitude) et mon duvet d'été n'était pas
suffisant, j'ai du prendre une vieille couverture dans le minibus pour
ne pas être gelée.
Le camp était "tenu" par 3 ou 4 Masaï. Ils
nous aidaient à faire du feu et il y en avait un qui restait toujours à
côté de nous sans rien dire. Nous partagions notre dîner avec lui. Ils
avaient aussi installé des "toillettes" : un trou dans le sol derrière
une palissade en bois. Il valait mieux ne pas regarder dans le trou où
il y avait de l'animation (insectes).
Alors que dans toutes les autres réserves,
nous n'avions jamais eu de problème pour avoir accès aux douches des
lodges (moyennant finances), a Masaï Mara où nous sommes restés 4 jours,
les lodges ont tous refusés, alors que nous prenions nos déjeuner chez
eux. Les campeurs étaient mal vus depuis que certains n'avaient rien
trouvé de mieux que de laver leur linge dans la piscine du Hilton ! Nous
avons alors décidé de nous laver dans les toilettes, en restant
discrets. Heureusement que nous n'étions pas très nombreux !
Après Masaï Mara, retour à Nairobi, pour y
passer la dernière nuit avec le groupe. Nous sommes allés dans un
restaurant Indien le dernier soir, et pas dans le restaurant où
finissent habituellement tous les groupes : le Carnivore (assez éloigné
du centre ville).
Les 2 semaines suivantes :
Après ces 2 semaines de Safari, nous voulions
adopter un rythme plus lent.
Nous avons récupéré notre 4x4 Suzuki Sierra et
nous avons quitté Nairobi pour Tsavo où nous avions réservé 2 nuits dans
un lodge (la réservation a été faite à Nairobi). La plupart des lodges
étant pleins, nous nous sommes retrouvés dans un lodge style "camp de
toile", mais vraiment rien à voir avec ce que nous avions connu : la
tente est dressée sur une dalle de béton, les lits sont de vrais lit, et
la salle de bain est "en dur". Par contre pas d'électricité dans la
tente et tous les soirs le personnel vous amène une lampe à huile. Nous
n'avons pas fait de Safari, nous sommes restés à nous reposer, à
profiter de la piscine.
Nous nous y sommes fait un copain : un Calao
de terre prénommé Billy qui nous suivait partout : près de la piscine,
il nous vol un briquet et joue avec nous, si nous nous installons sur
une banquette du bar, il se met à moitié sur nos genoux ! Le jour de
notre départ il nous a raccompagné jusqu'au petit bateau permettant de
traverser la rivière...
Après 2 jours, nous sommes partis pour
Mombasa. Nous y avons retrouvé une des participante du safari, qui
prolongeait son séjour dans un hôtel de la côte Nord. Ensuite nous avons
repris la route, destination Malindi où nous avons trouvé un hôtel à
l'ambiance british très particulière : l'hôtel Hemingway avec sa
clientèle de fana de pêche au gros, Le soir les moustiquaires étaient
tirées, le lit légèrement ouvert et une fleur accompagnée d'un petit mot
était déposée sur l'oreiller.
"On the rooad again"... direction le nord et
l'île de Lamu. Pas de route, mais une piste toute cabossée, à part
certains tronçons bitumés. A mi-chemin, vers 16h00 nous étions déjà
épuisés d'avoir été secoués et d'être restés très concentrés sur la
route : il avait plu et la route était une vraie patinoire, même pour un
4x4 ! Par hasard nous avons vu un bâtiment marqué YMCA, le long de la
route et nous avons décidé de nous y arrêter pour passer la nuit. Quand
nous avons rempli le registre, par curiosité j'ai tourné quelques pages
et je n'ai vu aucun européen parmi les clients des semaines, voir des
mois précédents : seuls des routiers s'y arrêtaient. Le prix incluait le
repas du soir que nous avons pris tous ensembles avec les autres
clients. La chambre était rudimentaire et composée de 2 lits 1 place,
avec chacun une moustiquaire. Au matin je me suis réveillée avec des
piqûres de moustiques : un moustique avait passé la nuit avec moi sous
la moustiquaire (c'est peut-être suite à ça que lors d'un don du sang on
a trouvé que j'avais développé des anticorps du paludisme, malgré le
Lariam).
Le lendemain matin nous avons repris la route
pour Lamu, mais sans mettre en route les 4 roues motrices, pour
économiser de l'essence : nous nous sommes embourbés à 150 de notre
destination. Il m'a fallu sortir, avec de la boue jusqu'aux genoux, pour
aller mettre la voiture en 4x4 (sur cette voiturel, il fallait tourner
le centre de l'axe des roues avant pour enclencher les 4 roues motrices.
La voiture est restée quelques jours sur un parking, face à l'île de
Lamu.
Lamu : une île où on n'a plus vraiment
l'impression d'être en Afrique, mais plutôt quelque part ailleurs, du
côté de la Jamaïque. Du reggae partout dans les quelques bar et
restaurants, beaucoup de baba cool échoués ici il y a de nombreuses
années, une seule voiture pour toute l'île. Mais aussi des ânes qui se
promènent en toute liberté : si vous avez besoin de l'aide d'un âne,
vous réquisitionnez celui qui passe puis vous le relâchez quand c'est
terminé...
Les maisons ont aussi un style très
particulier et sont meublées de meubles massifs en bois foncé : partout
des lits à baldaquin, mais malheureusement pas très bien étudiés pour
ceux qui mesurent plus 1m70...
A près Lamu, retour à Mombasa : le voyage de
retour a été moins fatiguant : la route était plus sèche. Nous avons
fait quelques pointes de vitesse sur de la tôle ondulée, mais ça c'est
terminé par un vol plané de la voiture et un réservoir d'essence crevé !
Heureusement la fissure n'était pas très grande (et le loueur a trouvé
ça presque normal quand nous avons rendu la voiture).
A Mombasa, nous nous sommes installé dans un
hôtel de la côte sud, sur la plage de Diani : cet hôtel a depuis été
racheté par Nouvelles Frontières et est devenu un paladien. Déjà en
1991, la clientèle était uniquement française...
Le Kenya est resté dans ma tête de façon très
nette : j'ai rédigé cette page près de 10 ans après ce voyage et je n'ai
pas eu à chercher dans les guides pour retrouver les noms des lieux,
alors que pour d'autres voyages, 3 mois après j'ai déjà des lacunes...
Nous sommes retourné au Kenya en 2000, et
j'espère pouvoir y retourner à nouveau dans les prochaines années.
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